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D.O.A. 2 : Birds

DEAD OR ALIVE 2 : BIRDS (Dead or Alive 2 : Tobosha / DOA 2)

Takashi Miike, 2000

avec Riki Takeushi, Sho Aikawa, Shinya Tsukamoto, Ren Osugi, Kenichi Endo, Teah.

Étant donné la fin du premier volet de la série des DOA (qui compte trois films à ce jour), Takashi Miike ne pouvait guère faire autrement que de faire de DOA 2 un tout autre film. Sans corrélation aucune avec le précédent épisode, cette séquelle réunit cependant une fois encore la star Riki Takeushi et Sho Aikawa dans un film qui possède cependant quelques points communs avec DOA et est l'expression même du style Miike.

Chronique par Tom.D. ou Zeni

Tom.D. :

Il y a Shu (Riki Takeushi), le brun et Mizuki (Sho Aikawa), le blond. Mizuki a une commande pour abattre un homme. Il se fait prendre de vitesse par Shu qui abat cet homme ailleurs que par une balle dans la tête - ce que devait faire Mizuki. Ce dernier s'en fout et va tout de même réclamer sa prime. Il obtient sa prime, mais il est rappelé plus tard pour la restituer car la cible n'a pas été abattue selon les termes du contrat. Mizuki s'enfuit et retrouve Shu qui en fait un ami d'enfance. Ils décident de partir dans l'orphelinat de leur enfance. Là-bas, ils retrouvent Kohei et sa femme, anciens amis d'enfance. Les deux tueurs se lient d'amitié avec les gosses de l'orphelinat et décident alors d'aider des associations caritatives grâce aux primes de leurs futurs contrats.

En premier lieu, DOA2 n'a aucun lien avec le premier du nom. On a beau retrouver les mêmes acteurs dans les rôles principaux du film, ce ne sont en aucun cas les personnages du premier revenus après la conclusion explosive de DOA.
En fait, DOA2 raconte la recherche des sentiments et émotions de notre enfance. Le film est ponctué de flash back sur l'enfance des deux tueurs dans leur orphelinat. Ë un moment du film, les deux tueurs font un spectacle pour les enfants de l'orphelinat. Où le canard montre son zizi, une femme fleur se pose dessus, et le lion met un doigt dans le cul du petit canard. Miike, par cette scène, nous fait comprendre que ce qui nous rapproche le plus de l'enfance, c'est le sexe. Ce côté "touche pipi" qui paraissait innocent durant notre enfance.
Cette scène est montée en parallèle avec une autre représentant une tuerie sanglante. Des yakusas tuent un homme en train de faire l'amour et sa femme, puis s'en vont tuer toutes les personnes de la maison. Pendant ce temps, deux yakusas sont en train de violer le cadavre de la pauvre femme. Deux scènes en confrontation, l'une sur l'innocence de l'enfance et l'autre sur les excès de l'âge adulte.
En fait, Takashi Miike est le parfait mélange de ces deux idées : l'innocence et l'excès, du moins pour ce film là.

Zeni :

Mizuki est chargé d'abattre un homme d'une balle en pleine tête mais se fait devancer par Shu qui exécute l'homme avant lui sans prendre la précaution de lui loger une balle dans la tête. Mizuki va cependant récupérer l'argent du contrat et fuit vers l'orphelinat de son enfance, situe sur une île. Shu fait de même et les deux hommes s'aperçoivent qu'ils sont en fait des amis d'enfance. Sur place, il retrouve un troisième ami d'enfance.

D'entrée de jeu, DOA2 marque sa différence avec DOA. Pas d'introduction choc mais un dialogue. DOA2 est un film bien plus apaisé que ce que l'on pouvait présager mais dont la structure n'est finalement pas si éloignée de celle de son prédécesseur. On retrouve notamment un gunfight au milieu du film qui n'est pas sans allusions à celui de DOA avec des personnages déguisés qui font écho au poulet mitraillé de DOA.

Le thème central de DOA2 est celui de l'enfance et on regretterait presque les scènes plus typiques à la Miike qui viennent perturber une histoire simple mais filmée avec une subtilité rare. Dans des décors magnifiques, aux couleurs presque saturées, les trois amis se remémorent leurs souvenirs d'enfance. Le cadre est magnifique, idylique même dans ce qui est peut-être une évocation fugace du paradis. Car on ne sait pas trop si Shu et Mizuki sont des anges ou des humains. Les indices se contredisent sans cesse entre onirisme et réalité.
C'est cette confrontation que Takashi Miike exprime tout au long du film, entre le rêve et la réalité, l'enfant et l'adulte. Le rêve d'une vie tranquille - les rêves et les espoirs d'enfant, et la réalité du monde - celui des adultes, faite d'inégalités et de violence. C'est donc de l'ironie qu'il faut voir lorsque Shu et Mizuki reprennent les armes pour gagner de l'argent et pouvoir offrir des médicaments à des enfants africains dans le besoin dont des images viennent faire irruption au beau milieu d'un carnage à l'arme à feu ! Ironie et humour. Par exemple lors du spectacle de Shu et Mizuki devant des enfants, lourd de sous-entendus sexuels et scatologiques...
Le monde tel que le décrit Miike dans DOA2 est pourtant loin de tout pessimisme. Bien au contraire, l'espoir est présent en filigrane tout au long du film qui conclut sur une naissance, et quoi de plus optimiste qu'une naissance ?
Dans tous ces moments, DOA2 est un film magnifique, limpide même, comme illuminé par une simplicité et une innocence toute enfantine. Sans compter qu'il laisse une large place aux deux acteurs Riki Takeushi et Sho Aikawa, tous deux absolument éblouissants, loin des personnages stéréotypés de DOA. Et les amateurs apprécieront sans aucun doute de voir Riki Takeushi déguisé en lion. Notons également la présence de Shinya Tsukamoto pour une prestation fidèle à son image (voir Koroshiya Ichi).

C'est donc avec un regret - tout relatif, que l'on assiste à des scènes décalées, violentes ou extrêmes : nécrophilie, gunfights sanglants, division en six parties égales et en 3D du crâne d'un nain, bizarreries diverses qui viennent soudain perturber la tranquillité du film. Si certaines s'intègrent parfaitement au récit - le déplacement sous forme de vent de plumes, les ailes d'ange, le parpaing sorti de nulle part par Shu dans la grande tradition du Capitaine Caverne..., ou lui donne tout son poids - la scène de théâtre, beaucoup atterrissent comme un cheveux sur la soupe. Elles renforcent certes le contraste entre adulte et enfant mais de façon souvent trop appuyée.

DOA2 est certainement le film le plus représentatif du cinéma de Miike, entre poésie et pure exploitation.

4/5

Texte © Tom.D, Janvier 2002

Texte © Janvier 2002