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Electric Dragon 80 000 V

ELECTRIC DRAGON 80000 V

Sogo Ishii, N&B, 2000

avec Tadanobu Asano, Masatoshi Nagase.

Tom.D / Zeni

Zeni :

Réunissant à nouveau Tadanobu Asano et Masatoshi Nagase (ensemble déjà dans Gojoe également de Sogo Ishii ainsi que dans Party 7), Electric Dragon 80 000 V est un film de moins d'une heure qui se révèle une expérience aussi intense que de rouler à 200 à l'heure en contre sens sur une autoroute.

Un riff de guitare, un arc électrique ou un hurlement, voilà ce qui me vient à l'esprit pour décrire Electric Dragon 80000V. Le film est un déluge sonore et visuel dans lequel on retrouve l'esprit punk anarchiste du Sogo Ishii des débuts.

Deux freaks de l'électricité, Dragon (ou Morrison, Tadanobu Asano) et Electric Buddha (Masatoshi Nagase) tous deux frappés dans leur enfance par une violente décharge électrique s'affrontent dans un Tokyo chargé d'électricité, une ville filmée comme un coeur artificiel où les pulsations sont celles des ondes électriques qui la parcourt, le sang le flot des phares de voitures la nuit.
Dragon est une véritable pile chargée d'électricité et doit s'attacher à une table tous les soirs, après s'être déchargé, pour ne pas céder à la violence - son accident a causé des dégâts cérébraux qui le font pqrfois devenir incontrôlable. C'est également un amateur de lézards et il a trouvé le moyen de canaliser sa violence en jouant de la guitare électrique après s'être essayé à la boxe.
Electric Buddha est quant à lui un passionné de l'électricité. Il s'est construit des armes électriques et parcourt la ville dans sa camionnette Citroën en interceptant des conversations téléphoniques. Son accident l'a rendu schizophrène et son corps est séparé selon la longueur en deux personnalités.

A l'image de Shinya Tsukamoto dans Tokyo Fist ou Tetsuo, le Tokyo que film Sogo Ishii n'a rien de celui des cartes postales pour touristes. Contre-allées, toits d'immeuble et câbles électriques débordant de partout, tel est le décor de Electric Dragon 80000V. Le tout filmé en noir et blanc qui renforce le côté brut du film qui évoque autant un concert de Einstürzende Neubauten à leurs débuts - et sur lesquels Sogo Ishii a réalisé un documentaire, notamment lorsque Morrison se déchaîne sur sa guitare en lambeau, qu'une démarche propre aux mouvements punks et anarchistes avec le principe du DIY (Do It Yourself). Principe qui se retrouve aussi dans les cartons - dessinés par Tadanobu Asano lui même, qui surgissent de temps à autre pour hurler des phrases chocs ou des mots percutants. Ces cartons font également référence aux mangas - où la calligraphie est aussi importante que le son évoqué ou le sens, en plus de l'affrontement de deux super héros - une des personnalités d'Electric Buddha a même un "costume". Le combat final tient d'ailleurs beaucoup de Dragon Ball Z, le voltage remplaçant les points du manga.

Bien que centré autour de l'omniprésente électricité, le film est tout sauf cyberpunk ou technologique. L'électricité renvoie à l'éclair, phénomène naturel, et à la création de la vie, à ce qu'il y a de plus primitif/animal chez l'homme - le cerveau reptilien de Morrison - ou Dragon, du fait de son tatouage représentant l'animal légendaire. Le film a d'ailleurs parfois une imagerie désuète qui évoque plus les précurseurs de la science fiction - Metropolis ou Frankenstein, que les films contemporains bourrés d'effets spéciaux numériques.

Electric Dragon 80000V est une véritable bombe cinématographique, du concentré de cinéma qui vous scotche à votre fauteuil et vous grille les neurones. Un régal pour les yeux et les oreilles.

Tom.D :

En projection cette année au dernier festival du film fantastique de Bruxelles (le BIFFF), Electric Dragon 80000 V est un de ces films qui laisse des traces après sa vision à tel point que l'on a envie de le revoir aussitôt.

Film en noir et blanc et d'une durée de 55 minutes, Electric Dragon 80000 V se regarde comme on écoute un album, un album court d'une petite demi-heure qu'on laisse tourner en boucle sans jamais se lasser. Voilà, Electric Dragon 80000 V c'est un peu ça. Par conséquent, il se rapproche du chef-d'oeuvre de Shinya Tsukamoto qu'est Tetsuo. Sa durée, son noir et blanc, sa nervosité, sa bande son, l'utilisation même de la musique sont des éléments qui en font une sorte d'oeuvre jumelle de Tetsuo. De plus, on y retrouve la confrontation de deux mutants contemporains, se déplaçant en milieu urbain, avec un pouvoir symbolique de notre société : l'électricité, tout comme l'était le métal pour Tetsuo.
Mais là, où dans Tetsuo, le film paraissait nihiliste avec cette envie de destruction que ressentent les deux monstres, dans Electric Dragon 80000 V, les héros sont plus individualistes et je m'enfoutistes notamment par rapport à la condition de l'homme dans notre société. La preuve en est dans le personnage de Dragon Eye Morrison qui ne pense à rien d'autre qu'à sa guitare. La guitare, instrument défouloir par excellence, se trouve au centre du film car elle servira à un challenger, Thunderbolt Buddha, schizophrène chargé à bloc, de défier Morrison en démolissant celle-ci. La confrontation aura alors lieu.

Electric Dragon 80.000 V est une oeuvre maîtresse, un chef-d'oeuvre du cinéma furieux qui laisse des marques, une expérience à ne rater sous aucun prétexte.

© Mars 2002

5/5

© Tom.D Avril 2002